La véritable histoire de l’apprenti sorcier

la véritable histoire de l'apprenti sorcierMagiciens, sorcières et revenants, c’est de saison ! On s’est donc laissé emporter par l’univers de La Véritable histoire de l’apprenti sorcier, un nouvel album de l’éditeur Didier jeunesse, avec la musique de Paul Dukas, et bien plus encore !

Quatre enfants se rejoignent au pied d’une montagne. Parmi eux, un seul sera choisi pour devenir l’apprenti du magicien Alto Incantador. Les épreuves peuvent commencer…

Loin de Fantasia

Dans l’imaginaire collectif, l’Apprenti sorcier est incarné par un Mickey affolé aux prises avec des balais obtus, une séquence de Fantasia qui a considérablement contribué à faire connaître la musique de Paul Dukas. Jean-Pierre Kerloc’h, adaptateur entre autres chez Didier Jeunesse du Magicien d’Oz, de La flûte enchantée ou encore d’un génial Peter Pan, a pris des libertés avec le poème d’origine de Goethe. Brodant autour de la thématique de la sorcellerie, il a imaginé une quête initiatique un peu sombre, portée par le mal, l’inconnu et la mort. En passant, il convoque l’imaginaire russe avec l’épisode central de la Baba Yaga et de sa maison sur pattes de poulet, puis revient à Goethe dans une ultime pirouette. Le tout est raconté par Natalie Dessay, toujours convaincante, parfois habitée. Et si sur la couverture de l’album on trouve le sous-titre « une initiation à la musique classique », c’est qu’on est bien chez l’éditeur Didier Jeunesse, et que toute thématique est (bon) prétexte à exploration musicale.

Un voyage initiatique au cœur du romantisme

La bande son de l’album ne se limite pas à la musique de Dukas, mais chemine à travers le 19e siècle et un petit bout du XXe, avec des thèmes plutôt séduisants, dynamiques et parfois jubilatoires. Par exemple, pour en revenir à nos balais, leur marche cadencée monte en puissance tandis que les gammes des violons déversent des trombes d’eau. Dans la même idée, les tourbillons de la Danse Macabre sont plus entêtants que terrifiants, avec une touche d’humour grinçant. David Pastor, qui a assuré la direction artistique de l’album, précise que le but était moins de faire peur que de faire découvrir un univers déjà présent dans la musique classique. “Les compositeurs romantiques se sont beaucoup penchés sur la magie noire” retrace le corniste, directeur artistique de l’Ensemble Agora. C’est qu’ici on est aux prises avec des émotions puissantes et fondatrices, comme la peur de l’inconnu. Il évoque les grands crescendos d’orchestre,  qui font monter la tension, l’inquiétude, la peur, concluantr “la musique classique est très sincère avec ces émotions-là”.

La magie de la musique

Si la quête initiatique des quatre enfants ne fait pas peur, notamment car le moment de tension dramatique, la rencontre de la Baba Yaga, est traité avec humour, l’équilibre entre la musique et le texte a l’immense intérêt de nourrir l’imaginaire enfantin. Des quatre épisodes, deux sont racontés, deux autres sont laissés à la musique. Dans les différents morceaux, on est toujours dans une logique à la Pierre et le loup, des phrases musicales ou groupes d’instruments incarnant des personnages ou des objets (cloches, eau…). C’est ce qui permet à l’enfant de comprendre la musique et de s’y intéresser intellectuellement. En parallèle, l’intensité émotionnelle entraîne l’enfant un degré plus loin, vers l’abstraction. Et la thématique s’y prête particulièrement bien, au coeur de la fascination pour l’étrange et le fantastique. Un beau voyage !

La véritable histoire de l’apprenti sorcier, texte de Jean-Pierre Kerloc’h, direction artistique de David Pastor, récit par Natalie Dessay, illustrations de Rémi Saillard, éditions Dider Jeunesse.

Pour aller plus loin dans le détail de l’œuvre de Dukas, on peut faire écouter aux enfants l’épisode de l’émission (regrettée!) Klassiko Dingo qui y est consacrée.

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